Le Governance Action Hub
Soutenir l’action locale en renforçant les coalitions locales et internationales afin d’améliorer la gouvernance et réduire la corruption dans les pays riches en ressources, tout en contribuant à leur durabilité.
“Le Governance Action Hub a pour mission d’explorer et de repousser les limites de ce qui est possible en matière de réforme de la gouvernance.”
-Dr. Mario Picon, Director, Governance Action Hub
Le défi
Pour la communauté internationale du développement, l’importance de relever les défis de gouvernance des pays riches en ressources, face à la transition énergétique, ne peut être surestimée. En effet, si les tendances actuelles se maintiennent, 50% des personnes en situation de pauvreté dans le monde vivront dans des pays riches en ressources d’ici 2030, contre 20 % de ces personnes en 1990.
En raison de la demande mondiale et locale, les ressources naturelles non renouvelables, du charbon au pétrole en passant par les minéraux et le gaz, représentent une opportunité d’améliorer les conditions de vie des populations, tout en soutenant le développement et la croissance.
Pourtant, cette même richesse en ressources est considérée comme une malédiction. Dans de trop nombreux cas, les pays riches en ressources se caractérisent par une fragilité, la présence de conflits, d’une corruption endémique, de la mainmise de l’État et d’une pauvreté généralisée. La corrélation entre la richesse en ressources, la mauvaise gouvernance et les niveaux élevés de corruption a été largement documentée et beaucoup a été écrit sur les conséquences de cette relation sur la croissance et la pauvreté, ainsi que sur les résultats en matière de santé, d’éducation et de nutrition.
Le changement climatique représente un défi supplémentaire pour les pays dont les économies dépendent des énergies non renouvelables. Toutefois, les processus de transition énergétique se heurtent également à des obstacles liés à la mauvaise gouvernance et à la mainmise de l’État au profit d’ élites qui ont des intérêts particuliers. Les pays producteurs doivent se concentrer sur une transition juste, en particulier les producteurs de pétrole et de gaz, qui ne doivent plus dépendre fortement de l’extraction des combustibles fossiles. Cette transition juste devra être durable et inclusive, en tenant compte de l’impact négatif sur les communautés dépendantes des hydrocarbures ou d’autres industries nuisibles à l’environnement, et en fournissant des mesures incitatives à l’essor des énergies renouvelables et d’autres industries plus propres.
Il faut que les gouvernements, le secteur privé et les citoyens collaborent. Cependant, les acteurs locaux des pays riches en ressources naturelles, sollicités par Results for Development au cours des dernières années, notent constamment que les contrats sociaux dans les zones riches en ressources sont fragmentés, ce qui se traduit par un faible niveau de confiance en général et une faible confiance dans la possibilité d’un changement. Dans de tels environnements, les efforts visant à promouvoir le dialogue sont contrecarrés par le sentiment d’une participation purement transactionnelle, ils sont également souvent utilisés par les entreprises et les gouvernements pour simplement accéder aux ressources locales. La corruption et la mauvaise gouvernance y ont été normalisées à bien des égards et un cycle caractérisé par la persistance de résultats médiocres sur le plan social et économique s’est mis en place.
Dans ce contexte, les initiatives visant à améliorer la gouvernance dans les pays riches en ressources et au-delà se sont concentrées sur l’amélioration de la transparence, de la responsabilisation ou de la participation, principalement par le biais de solutions techniques, et souvent avec une attention limitée aux dynamiques locales. Le niveau infranational a été particulièrement négligé.
Nous pensons que pour relever ces défis de gouvernance, les acteurs locaux et mondiaux doivent trouver de meilleurs moyens de collaborer. Il faut créer un environnement dans lequel les citoyens, le gouvernement et le secteur privé peuvent travailler en coalition, identifier des objectifs communs et explorer de nouvelles voies tout en respectant les différences de points de vue et en instaurant de la confiance afin d’améliorer les résultats en matière de développement. Un tel environnement se traduira par une amélioration générale des systèmes de gouvernance.
Le Governance Action Hub a été créé pour explorer et repousser les frontières de ce qui est possible en matière de réformes de la gouvernance grâce au renforcement et à la durabilité des coalitions pour le changement dans le domaine des ressources naturelles.
L’opportunité
Ces dernières années, dans le cadre de l’initiative LTRC « Leveraging Transparency to Reduce Corruption » (Tirer parti de la transparence pour réduire la corruption), R4D et The Brookings Institution ont mené une série d’activités visant à explorer l’avenir de la gouvernance des ressources naturelles (#futureofNRG).
Tout d’abord, et en collaboration avec le Natural Resource Governance Institute (NRGI) et la Transparency and Accountability Initiative (TAI), LTRC a organisé un dialogue d’experts qui a proposé des priorités concrètes pour le domaine. Parmi celles-ci, des appels ont été lancés en faveur de la création de coalitions plus larges pour le changement et l’amélioration de la coordination entre les actions au niveau local et les initiatives et organisations internationales qui peuvent les soutenir et encourager la responsabilisation.
Une enquête mondiale a ensuite été lancée afin d’évaluer les points de vue, les attentes et les priorités des personnes travaillant sur la gouvernance dans les pays riches en ressources naturelles ou sur d’autres sujets liés à la gouvernance (tels que la protection de l’environnement, les droits de l’homme ou les investissements des entreprises). L’enquête a révélé un écart évident entre les priorités en matière de réforme de la gouvernance identifiées par les répondants et les attentes concernant la mise en œuvre de ces réformes.
Dans leur analyse, les auteurs affirment que ce « pessimisme réformateur » commun se traduit par une approche trop prudente et peu ambitieuse en termes de réforme, alors qu’en réalité, il faut plus d’audace et de nouvelles approches ambitieuses.
Dans cette volonté de faire preuve de plus d’audace, nous reconnaissons la nécessité d’identifier et de créer des complémentarités entre différents domaines et types d’acteurs. Dans les environnements riches en ressources, comme dans ceux qui ne le sont pas, nous constatons un manque de connaissances sur la manière de créer des coalitions efficaces afin de faire évoluer l’ensemble des systèmes, en particulier au niveau local et infranational.
C’est cette lacune que le Governance Action Hub vient combler.
Notre travail
Nos apprentissages et notre engagement avec nos partenaires au cours des dernières années ont façonné l’objectif du Governance Action Hub. Nous envisageons que des acteurs aux agendas différents, qu’ils soient issus de la société civile, du secteur privé ou de l’État, travaillent ensemble malgré leurs différences et en dépit de défis complexes et persistants en matière de gouvernance, depuis les processus de développement local jusqu’à la transition énergétique.
Nous poursuivons cet objectif à la fois au niveau national et au niveau mondial.
Au niveau national, le Governance Action Hub facilite l’action locale autour d’objectifs et de défis communs. Nous élargissons la portée des processus de dialogue et des plateformes de collaboration existantes ou récentes. Nous encourageons l’inclusion et soutenons la prise en compte de ces voix et de ces perspectives dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques et des interventions. L’Action Hub donne la priorité au travail au niveau infranational dans les pays où il travaille.
Nous soutenons également les solutions proposées par les acteurs locaux, qui pourront générer des effets d’émulation et être ensuite adaptées ou étendues. De même, nous encourageons la coordination entre les partenaires nationaux et internationaux afin de favoriser une collaboration efficace et un impact profond.
Au niveau mondial, l’Action Hub vise à développer progressivement une communauté internationale qui favorise les échanges et un apprentissage croisé entre les acteurs locaux et mondiaux, en faisant entendre de nouvelles voix et en mettant en relation des acteurs ayant des perspectives et des expériences différentes.
Nos priorités
Les domaines d’intervention de l’Action Hub sont définis à travers un engagement avec les acteurs locaux afin de comprendre leurs besoins et leurs priorités, tout en tenant compte du contexte et des systèmes au niveau local. Nous pensons que le succès des approches collaboratives repose sur les éléments suivants :
- L’identification d’intérêts et d’objectifs communs, concrets et limités dans le temps
- Le processus de co-création de solutions aux défis communs associés à ces objectifs
- L’obtention de résultats, en particulier des gains rapides qui renforcent la confiance dans le processus parmi les acteurs participants et non participants, consolidant ainsi le sentiment d’appartenance et la capacité d’action au niveau local.
Voici quelques exemples de thèmes que nous explorerons dans le cadre de l’Action Hub :
- La mise en œuvre de plans de développement régional ;
- Une meilleure utilisation des revenus des industries extractives pour améliorer les résultats en matière de santé, d’éducation et de nutrition ; et
- La sécurisation des voies pour une transition énergétique juste au niveau local.
Notre approche
Nous abordons la gouvernance comme un système. Cela implique de reconnaître, lors de l’examen des réformes, la coexistence d’institutions formelles, de normes sociales, de politiques et d’une pluralité en termes de perceptions et d’aspirations des acteurs locaux. Nous utilisons des approches systémiques et de co-création pour comprendre le contexte et l’intelligence collective afin de permettre un engagement actif et de tirer parti de la pluralité des perspectives des parties prenantes, ainsi que des approches d’entrepreneuriat du développement dans le but d’encourager le sentiment d’appartenance et de soutenir la capacité d’action
Nous cherchons à soutenir un environnement permettant aux agents locaux de générer des idées adaptées au contexte tout en reliant ces idées et ces personnes innovantes à la communauté internationale de la gouvernance et de la lutte contre la corruption.
Le rôle de R4D dans ce programme est celui d’un courtier. Il s’agit de :
- Soutenir les changements menés par les pays. Les acteurs du changement savent que la mise en place d’un changement systémique est un processus intrinsèquement politique. Pour réussir, il doit être adapté aux défis et aux priorités locales, il doit inclure diverses contributions des parties prenantes et les innovations doivent être testées de manière itérative. Notre rôle est de soutenir les acteurs locaux en leur fournissant les ressources et les connaissances dont ils ont besoin. Ainsi, nous favorisons l’émergence de coalitions locales pour le changement, dotées de meilleures connaissances et de capacités accrues.
- Partager les connaissances et l’expertise. Les acteurs locaux du changement veulent avoir accès à des experts internationaux et à des modèles de ce qui semble fonctionner dans des contextes similaires au leur. Nous savons également que la recherche et les données probantes dans ce domaine peuvent être renforcées grâce à l’apprentissage par l’action dans différents contextes. Le potentiel d’apprentissage horizontal à double sens de notre approche est considérable. Notre rôle est de soutenir la création et l’échange de connaissances pratiques sur la manière d’améliorer les systèmes, tout en aidant les praticiens à appliquer ce qu’ils apprennent.
Qu’entendons-nous par l’utilisation d’une optique systémique?
Aligner l’analyse, la prise de décision et la gestion sur le comportement des systèmes complexes et adaptatifs. Cela implique :
- Une perspective holistique, tout en gardant à l’esprit des objectifs concrets et réalisables.
- Comprendre les relations clés qui déterminent la manière dont les individus et les organisations interagissent.
- Accepter l’incertitude et la complexité, en travaillant de manière flexible et adaptative.
- Reconnaître que des personnes différentes ont, à juste titre, des points de vue différents.
- Avoir conscience de la résilience et de l’adaptabilité des systèmes.
- Travailler de manière interdisciplinaire et intersectorielle.
Nos hypothèses
- Les coalitions peuvent emprunter des voies plausibles vers le changement tout en renforçant la résilience démocratique et la confiance dans le processus,
- Les solutions ne peuvent être prédéfinies et doivent être explorées et testées afin d’évaluer les voies plausibles,
- Les solutions nécessitent un leadership local mais peuvent être soutenues par des acteurs externes, et
- La durabilité et le développement sont possibles grâce à des efforts actifs pour ancrer les solutions dans les systèmes locaux.
Notre stratégie
Nous aspirons à favoriser un cercle vertueux d’amélioration de la gouvernance (y compris un meilleur contrôle de la corruption et de la mainmise de l’État), une meilleure confiance et une collaboration accrues entre les acteurs à différents niveaux et de meilleurs résultats en matière de développement. Pour ce faire, notre stratégie dans chaque pays ou pour chaque problème abordé sera adaptée au contexte, aux risques, aux opportunités et aux priorités locales, tout en mettant l’accent sur des actions concrètes. Nos projets reflèteront une combinaison des éléments interdépendants suivants :
- Créer ou renforcer, en collaboration, des espaces et des réseaux participatifs existants qui favorisent et soutiennent les coalitions locales pour le changement.
- Soutenir l’action locale pour relever des défis concrets en transmettant les connaissances et les réseaux existants afin que les acteurs locaux puissent adapter leurs objectifs.
- Encourager l’exploration et l’expérimentation des solutions proposées par les participants locaux afin de relever les défis qu’ils ont identifiés.
- Trouver des moyens d’ancrer les innovations dans les systèmes locaux afin d’assurer la durabilité et le sentiment d’appartenance au niveau local.
- Établir des liens et favoriser la complémentarité entre les acteurs locaux et mondiaux pour assurer un impact, la durabilité et un apprentissage croisé.
Un parcours d’apprentissage mondial
De nombreuses organisations au niveau national et international expérimentent des approches audacieuses et novatrices en termes d’action collective, mais les occasions d’apprendre les unes des autres et d’unir leurs forces restent rares. La communauté mondiale du Governance Action Hub se rassemblera autour de ceux qui attirent l’attention sur des idées émergentes et éclairent des efforts d’une nouvelle génération visant à encourager la réforme de la gouvernance par le biais de l’action collective. Nous espérons trouver d’autres personnes et institutions désireuses de contribuer à leur recherche-action afin que nous puissions tous apprendre, par le biais d’une série de projets pilotes au niveau local, comment les changements de systèmes se produisent dans différents contextes.
Cette communauté internationale soutiendra également l’apprentissage croisé entre nos projets nationaux et au sujet de ceux-ci au fil du temps. Nous espérons que vous vous joindrez à nous dans notre parcours, en partageant des innovations avec une large communauté. Nous ne prétendons pas avoir toutes les réponses, ni le programme parfait pour cette plateforme. Nous voulons la construire avec vous, afin qu’elle réponde aux besoins de ceux qui luttent pour une meilleure gouvernance, moins de corruption et de meilleurs résultats en matière de développement.
Questions fréquemment posées
Si vous avez des questions, n’hésitez pas à nous les soumettre à GovActionHub@r4d.org.
1. Le Governance Action Hub impliquera-t-il la création d'un espace physique ou d'un hub dans chaque pays où vous travaillez?
La priorité sera donnée au développement d’espaces de collaboration existants et d’une capacité organisationnelle locale afin d’éviter les doublons. Dans chaque pays, nous évaluerons s’il existe d’autres initiatives ou institutions bien placées pour accueillir le processus déclenché par l’Action Hub ou pour le soutenir durablement grâce, par exemple, à un financement utilisant les revenus de l’industrie extractive ou la coopération internationale.
2. Ce programme et les projets qui en découlent sont-ils axés sur la demande?
L’approche de l’Action Hub est une réponse aux intérêts que nous avons identifiés grâce à notre travail continu avec des experts locaux et mondiaux. Elle s’appuie sur des recherches récentes dans différentes disciplines et vise à créer une communauté internationale de praticiens et de penseurs qui peuvent partager leurs réflexions, leurs travaux expérimentaux et leurs connaissances afin d’améliorer l’impact de la gouvernance et de la lutte contre la corruption dans les zones d’extraction. Au sein de cette communauté internationale, la demande d’expérimentation proviendra des acteurs locaux, soit recommandées par les partenaires internationaux, soit identifiées par le biais de notre appel à l’innovation. De plus, la plateforme mondiale cherche à amplifier les histoires de changement racontées par les acteurs locaux eux mêmes et elle fournira un canal supplémentaire pour identifier les demandes de soutien. En étant attentifs aux défis et aux priorités locales, en tenant compte des différentes contributions des parties prenantes et en testant les solutions de manière itérative, nous pouvons augmenter nos chances de réussite dans la mise en place d’un changement systémique dans le domaine de la gouvernance.
3. À l'heure où le développement international s'oriente vers la localisation et le transfert du pouvoir vers le Sud, pourquoi une ONG internationale telle que R4D dirige-t-elle ce travail plutôt que des organisations locales?
Chez R4D, nous pensons que les organisations locales doivent être les moteurs du changement. R4D s’engage à transférer le pouvoir et les ressources du développement international à des coalitions locales d’acteurs qui sont les mieux placés pour conduire le changement, avec le soutien de ressources flexibles et de connaissances adaptées. Conformément à cette conviction, l’Action Hub fournit un environnement propice à la localisation et le renforce.
Pour les acteurs locaux, l’Action Hub renforce et promeut l’action en comblant les lacunes en matière de connaissances, en faisant entendre les voix locales au premier plan des stratégies de développement et en renforçant la confiance dans le processus en offrant l’espace et la possibilité de tester et de mettre en œuvre les idées générées par les acteurs locaux. La création de coalitions locales efficaces permet aux donateurs, aux institutions financières internationales et à la communauté internationale de jouer plus facilement leur rôle d’acteur externe qui peut soutenir les processus locaux avec des ressources, en fournissant un financement direct à un plus grand nombre d’organisations locales. L’Action Hub facilitera les flux d’informations afin d’offrir un espace pour tester les idées au niveau mondial et local en réponse à la demande locale des organisations existantes. Des projets pilotes seront menés par des acteurs locaux afin de soutenir et de renforcer les processus et les systèmes de gouvernance locaux.
Pour les entreprises extractives engagées dans la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption, et pour le secteur privé en général, ces plateformes de collaboration constituent un moyen organique de participer et de soutenir les efforts visant à renforcer la gouvernance dans leurs zones d’influence, en réduisant les risques commerciaux et de réputation, et en offrant des mesures incitatives aux entreprises moins concernées par la bonne gouvernance. La plateforme collaborative offre aux entreprises un espace dirigé par une tierce partie internationale et neutre qui n’est pas de nature transactionnelle. Au fil du temps, nous espérons que le travail de l’Action Hub renforcera la confiance entre les différents types de parties prenantes dans chaque endroit où nous travaillons, en encourageant les alliances autour d’objectifs communs.
4. Comment éviter la duplication des efforts? D'autres communautés, y compris des groupes multilatéraux de l'ITIE, ne sont-ils pas actifs dans les endroits où vous envisagez de travailler? N'existe-t-il pas d'autres programmes susceptibles de combler les lacunes en matière de connaissances?
Notre rôle n’est pas de concurrencer les efforts existants dans chaque pays ou espace, mais plutôt d’articuler les efforts existants et émergents, tout en les renforçant ou en les complétant. Les activités spécifiques ne seront décidées qu’après avoir impliqué les acteurs locaux, les gouvernements et les initiatives de coopération internationale, tout en identifiant les lacunes, les goulets d’étranglement et les défis.
Notre force réside dans notre capacité à rassembler différents acteurs possédant des connaissances locales et mondiales, ainsi que des ressources financières flexibles, afin de résoudre des problèmes concrets. Nous explorons activement avec les parties prenantes les frontières de ce qui est possible afin de relever des défis concrets. Les projets pilotes prometteurs peuvent ensuite être repris par les gouvernements ou la communauté internationale pour être reproduits ou étendus.
S’il existe une plateforme de collaboration, nous discutons avec ses membres des défis auxquels ils sont confrontés, des limites de la plateforme, et nous cherchons des moyens de soutenir un écosystème pour que cet effort soit plus efficace.
5. Quels travaux de recherche et quelles données probantes ont servi de base à l'élaboration du Governance Action Hub?
L’Action Hub est le résultat de notre expérience du travail effectué dans le cadre de l’initiative Leveraging Transparency to Reduce Corruption (LTRC) et de son Approche TAP-Plus de la lutte contre la corruption dans la chaîne de valeur des ressources naturelles, tout en s’appuyant également sur les connaissances et les politiques internationales dans le domaine de la lutte contre la corruption de SOAS-ACE ainsi que sur la Anticorruption Policy (2022) de l’USAID. De plus, nous nous appuyons sur des recherches récentes sur le changement des systèmes locaux, menées dans différentes disciplines, ainsi que sur des exemples de la façon dont les approches centrées sur l’apprentissage, telles que les systèmes d’apprentissage humain, peuvent soutenir le changement des systèmes. Notamment, la coalition pour le changement de la Asia Foundation, la stratégie du sandwich du Accountability Research Centre et les systèmes d’apprentissage humain du Centre for Public Interest placent tous les acteurs locaux aux commandes et permettent d’explorer les contextes locaux pour trouver des solutions techniquement valables et politiquement réalisables aux problèmes locaux. Nos sources d’inspiration et d’apprentissage ne se limitent toutefois pas à celles-ci, car nous souhaitons explorer un large éventail d’approches et en discuter avec les acteurs locaux afin d’identifier ce qui est le plus judicieux pour le problème en question.
6. Les actions suscitées par les plateformes de collaboration ou les communautés sont elles basées sur le consensus?
Même si le consensus entre les parties prenantes facilite l’action collective, la plupart des communautés se caractérisent par la diversité des opinions et des intérêts. Une action collective efficace nécessite un accord sur des objectifs spécifiques, qui peuvent être temporels ou limités dans leur définition. Les coalitions sont des groupes orientés vers l’action qui rassemblent différents acteurs, y compris des personnes influentes, en vue de soutenir un objectif spécifique.
Au niveau mondial, l’Action Hub suscite des alliances pour l’apprentissage et l’action entre les acteurs internationaux et locaux, et reconnait que les plateformes de collaboration constituent un forum utile pour la résolution collective de problèmes, l’expérimentation de nouvelles idées et l’apprentissage mutuel. Nous sommes conscients que toutes les parties prenantes de la plateforme ne seront pas convaincues du bien-fondé du processus simplement parce que l’espace existe. Cette confiance devra être gagnée par des actions concrètes qui se traduisent par une valeur perçue par les participants et par d’autres acteurs qui pourraient ne pas adhérer au départ, précisément en raison des limites des processus participatifs antérieurs.
Dans certains cas, comme le travail émergent à Moquegua, au Pérou, le type de solution implique une coordination importante entre différents types d’acteurs, avec une mise en œuvre impliquant la société civile (notamment une université locale), des entreprises et le gouvernement régional. Mais la nature et la portée de ces projets varieront d’un projet à l’autre et d’un pays à l’autre.
7. Quels sont les projets pilotes soutenus par le Governance Action Hub?
Lorsque l’on travaille avec des problèmes complexes, il faut comprendre le contexte et faire des paris parallèles sur des solutions plausibles pour avancer. Les principes de la pensée conceptuelle peuvent être utiles pour tester les hypothèses et essayer différentes idées avant de les transposer à plus grande échelle. Ce test est une étape importante afin de s’assurer que les solutions sont bien adaptées aux réalités locales et qu’elles sont réalisables, tout en tenant compte des différents intérêts et des mesures incitatives diverses. Au fil du temps, nous aimerions voir ce processus d’autonomisation des acteurs locaux se doter de sa propre dynamique en formant des écosystèmes locaux de connaissances et de pratiques, avec des entreprises, des gouvernements ou des coopérations internationales et offrir ainsi des mesures incitatives régulières aux acteurs locaux afin de tester des solutions à de nouveaux défis, en utilisant des principes similaires. Nous considérons la gouvernance et la lutte contre la corruption comme des questions complexes qui nécessitent un processus constant d’adaptation et d’apprentissage, à mesure que les mesures incitatives et les intérêts évoluent, que de nouvelles relations se forment et que les systèmes s’ajustent.
8. Comment allez-vous assurer la durabilité du programme et de ses résultats?
Chez R4D, nous pensons qu’il est essentiel de coordonner notre action et de renforcer la capacité des partenaires locaux et des agents de changement à poursuivre le travail après la fin du financement du projet. Pour respecter notre engagement à fournir un soutien cohérent et des écosystèmes d’expertise à long terme, l’Action Hub abordera la durabilité de trois manières.
i. Intégrer l’approche dans les institutions locales afin que les activités de l’Action Hub puissent, avec un leadership local, se poursuivre au-delà du soutien financier ou technique de R4D. Nous travaillerons avec les partenaires locaux dès le début pour identifier et préparer les organisations à cela.
ii. S’engager activement et informer les organisations capables de reproduire et de développer à plus grande échelle les processus ou les apprentissages issus du travail de l’Action Hub.
iii. Rechercher activement des opportunités de développement commercial tout au long de la mise en œuvre. Nous avons commencé à identifier activement des bailleurs de fonds potentiels pour différents domaines d’activité.